Vous ne le savez sûrement pas - et vous n’en avez probablement rien à carrer - mais il ne s’en est fallu d’un rien, dans mon orientation professionnelle, pour que je ne devienne un sportif professionnel de haut niveau, catégorie belote. Pas la basque, hein, non, la vraie, l’unique, celle qui se pratique lors de la réunion Dominiquale - quand c’est ma mère qui reçoit, et ma mère, ben, elle s’appelle Dominique - du dimanche - il arrive aussi, parfois, que ma mère elle reçoive un autre jour que le dimanche, ce pourquoi je précise une réunion Dominiquale du dimanche, ce qui peut sembler, à tort, un noeud un peu fémisme, je l’avoue, je l’aveu.
Bref, une formation intensive par les grand-pères qui me prédestinait à devenir champion de belote, à suivre les grand tournois internationaux, à vivre de grand motels en grand motels, et à commenter le tout sur Canal+… Je m’y voyais déjà, à remporter prix sur prix, jambon à l’os, pâté forestier, boules de pétanque, perceuses… Et finalement, non, j’ai pris une autre voie, mais ça m’a quand même permis de faire de longues études, la belote, hein, et d’y briller autrement que par mes absences.
À ce point de la lecture, vous vous demandez sûrement quel est le rapport avec Expérience 112, à moins que vous ne soyez pas arrivé jusque là, étant un joueur de poker m’ayant snobé morvement dès l’apparition du mot Belote…
C’est bien simple, Micro Application, pour moi, c’était le genre d’éditeur bien dans son tiroir, à savoir les pauvres jeux de carte (Belote, Tarot, etc), les pauvres trucs routiers avec d’autre genre de cartes (atlas, permis de conduire, etc), voire les pauvres trucs tout court, mais toujours avec des cartes (impression de cartes de visites, motifs de canevas, etc), et là, qu’apprends-je, que vois-je, que jeux-je ?! Que Micro Application se lance dans le jeu d’aventure et qu’en plus, ça sort de sentiers battus comme des œufs en neige !
Allez c’est sur, il faut vraiment que j’essaye ça… en espérant qu’il y aurait bien un mini-jeu de belote à débloquer quelque part, qui sait ?
Le super machin Edhen truc
À lire le manuel, déjà, on est impressionné : ça cause d’un système informatique de surveillance de la mort qui tue, auquel on va se connecter depuis notre pauvre PC de daube. Ouah ! Moi qui hackais les feuilles excel de mes collègues à tour de bras, voilà qui va me faire retrouver les sensations du piratage de haut larcin.
Le fameux système que tout le monde peut donc pénétrer pour le prix d’un jeux vidéo s’appelle Edhen, de Ethology Departement of Extra-Human Neuroscience. C’t'un peu pompeux, comme nom, surtout qu’au final, ça ne fait pas grand chose : ç’est rien qu’une sorte de système de contrôle à distance d’un laboratoire de recherche vachement important, tellement important d’ailleurs que justement, il est doté d’un système de contrôle à distance.
On peut y faire des trucs super, à priori: contrôler les caméras, allumer la lumière, ouvrir des portes, et, éventuellement, interagir avec des objets alimentés électriquement.
Le décor est donc posé : je suis un ingénieur en n’informatique qui fait métro-boulot-dodo, qui passe sa journée le cul d’vant son écran, à faire des trucs inimaginables qui ont l’unique point commun de pouvoir se faire le cul d’vant son écran, et qui se connecte de temps en temps à EDHEN pour vérifier que le train train est bien dans les rails, boulot probablement très passionnant, je n’en doute pas.
C’est con ce jeu, j’ai presque l’impression de jouer à moi.
Je précise que l’éditeur joue vraiment la carte de l’immersion, que ce soit dans le manuel, dans l’interface ou même dans le jeu, ce qui est plutôt sympa, en fait. Même, ils y sont tellement attachés, à l’immersion, que l’histoire se passe sur un bateau, c’est dire ! Perso, j’aurais préféré que ça se passe dans un sous marin, mais bon, tout le monde n’a pas la chance d’avoir mon don inné pour les idées à la con, et c’est probablement mieux ainsi.
Hop, j’installe le client, donc, je le lance, me connecte au système. Ah, c’est bien, je vois dans les traces que je me connecte au master server, puis que ça monte une partoche /dev/sysfs. L’oeil aviné, je ne peux m’empêcher de relever péniblement que c’est du linux 2.6, oui môssieur, et que donc, question sécurité, c’est trop d’la balle. Sauf que mon autre oeil, avisé, lui, me fait remarquer, en disant merde à son collègue, que le noyau n’est pas à jour, et ça, ça craint du (Christine) Boutin, et c’est pas peu dire.
C’est alors, adressant une pière à Saint Linus (tout en louchant pour trouver comment recompiler le noyau de ce biniou), que je sursaute à l’apparition fort promptue des fenêtres de l’interface…
L’interface
…et là, coté immersion (sur un bateau, pour ceux qui ont suivi), c’est violent comme un retour sur terre !
Le cadre des fenêtres de ce qui se veut un simili Window Manager est plus ou moins bien dessiné, genre limite si j’ose ne serait ce qu’en attraper une par le titre pour la déplacer, de peur de faire planter un système stable comme un truc marqué radio-actif qu’on chatouillerait avec des neutrons.
Bon, je règle mes options, je me lance une partie et… Grosso modo, j’ai une barre d’outils sur ma gauche qui s’en vient lorsque j’approche le museau de ma souris (ouah…), qui tient lieu de manu, pardon, de menu, de ce qui se prétend mon système EDHEN. Entre autres, je peux m’y connecter avec les logins des chercheurs, accéder à leurs dossiers, leur bio, leurs mails et, si je connais leur password, leurs dossiers secrets…
À part ça, j’ai en visu un plan de l’étage que je suis en train de contrôler, et d’ailleurs quand je veux changer d’étage, il faut que je me déconnecte et que je me reconnecte en laissant passer un p’tit temps de chargement (foutu système Edhen, tiens !)… Bon, je sais, ça fait un peu étrange mais bon, finalement, c’est largement pardonnable puisque c’est justifié en travaillant l’immersion, c’est donc pour la bonne cause.
Bref, à part le plan, je peux aussi m’afficher trois caméras dans trois fenêtres différentes, et selon les caméras, c’est un peu la loterie… Certaines bougent de droite à gauche, d’autres sont immobiles, d’autres encore sont plus ou moins tordues et ne présentent qu’un angle inattendu.
Bon, voilà, l’interface est posé, comment donc que ça se joue ce biniou ?
L’histoire, le début
À peine connecté pour la première fois, je découvre une nana allongée sur un lit, dans une chambre du bateau recherche. Elle se réveille et nous faisons connaissance, du moins, elle m’explique qu’elle ne se rappelle plus grand chose, se demande si elle peut me faire confiance et arrive à la conclusion qu’elle n’a guère le choix, ce qui est plutôt vrai, puisque j’ai toujours Company of Heroes d’installé sur mon pécé.
Visiblement, sur le bateau, rien ne va plus (faites vos jeux !)… Elle est toute seule, ne sait pas ce qu’il est advenu des autres chercheurs, et… est peut être en danger ma foi. C’est donc le pitch du jeu… Le contrôleur EDHEN qui va tenter d’aider la jeune femme à s’en sortir, via le système de surveillance du bateau recherche…
Pas mal, comme idée, ma foi.
Le gameplay
Rapidement, le modus operandi se met en place de lui même… Elle va causer la plupart du temps (c’est une nana, hein, quand même), voire pire, comme c’est une scientifique, elle va rarement pouvoir s’empêcher de vous sortir sa science, vous, le pov’ techos ignare derrière son écran qu’est juste bon à World-of-warcrafter le soir, après l’boulot.
Les caméras
Lorsque elle se déplace, il suffit de changer de caméra pour la suivre. Enfin, il faut trouver la bonne puisque comme je l’ai dit plus haut, certaines sont plus ou moins cassées, d’autres sont très sombres voire ne peuvent plus pivoter.
Le système est assez bien fait puisqu’à la souris je peux faire tourner la caméra où je l’entends, tel un Gilbert Montagné cadreur à Star Académy.
Même, au fourrure et à mesure de l’histoire, elle me dégote des addon pour mes caméras qui me réactivent des fonctions bien sympa, genre zoom, vision nocturne, géothermique, etc.
Les objets
Autre truc sur lequel je peux interagir, ce sont les portes, que je peux lui ouvrir. La lumière, aussi, je peux allumer éteindre les ampoules que je veux, et elle m’explique que c’est un bon moyen de communiquer, notamment si je veux qu’elle aille visiter une pièce en particulier, que je me fende d’un appel de l’ampoule et hop, c’est clair (si je puis dire).
Bon, c’est bien tout ça, mais j’aimerai bien trouver un moyen de lui expliquer qu’en échange de mon aide, j’attends qu’elle prenne certaines poses plus ou moins correctes devant la caméra, en mode géothermie par exemple, ça devrait donner des trucs sympa. Hmmm… En morse, peut être, je vais préparer un petit texte et commencer à traduire le tout.
Autrement, c’est un peu tout et n’importe quoi… Démarrer un terminal, ouvrir la porte d’un caisson, contrôler un robot, bref, c’est à la fois assez ouvert en terme de possibilités, et très limité en terme de gameplay (je clique sur un des triangles de mon plan), mais bon, jusque là, pourquoi pas, c’est peut être un peu court, mais tout ça, c’est plutôt bien pensé.
Les flashbacks
Comme je me mets à la mener par le bout de l’ampoule, elle commence à se déplacer et nous changeons de pièce. Et là, généralement, nous sommes bien assistés, elle a généralement un petit mot pour décrire l’endroit où nous arrivons, genre le labo, l’atelier, les vestiaires, ce genre de trucs.
Et en plus, parfois, nous sommes projetés dans ses souvenirs qui mettent en scène des trucs qui se sont passés… avant l’accident, visiblement, quelqu’il soit.
Le gameplay, la suite
Et voilà, on peut désormais imaginer le concept du jeu… Il va falloir fouiller le bateau avec elle et résoudre des énigmes… Et ce qui est très très bien, c’est que ces énigmes peuvent être fort différentes de l’une à l’autre.
Dans un cas par exemple, elle nous explique qu’il va falloir piloter un robot pour aller chercher une carte magnétique dans une salle contaminée, et que ce robot ne peut se piloter qu’avec l’accréditation du professeur tournesol, à moins que ce ne soit le Docteur Maboul, je ne sais plus. Il va donc falloir dégoter le login et le password de cette personne, mais à l’ancienne. On pourrait se dire que comme je suis un professionnel de l’informatique comme moi, je pourrais squizzer le système et retrouver de moi même les accès, voire les réinitialiser, mais non, c’est pas sport, il va donc falloir les retrouver… avec elle, dans le jeu. Et elle nous explique que ce professeur ne fait plus confiance à sa mémoire et qu’il a certainement écrit son mot de passe quelque part… Et me voilà, à essayer les différentes caméra, à zoomer à droite à gaucher et à étudier les papiers qui trainent en cherchant ce qui ressemble de près ou de près à un mot de passe… Et hop, je finis par trouver ça dans un coin, je peux donc ensuite me connecter avec son login, et accéder au robot.
Un autre exemple d’énigme totalement différente, c’est sur le pont… Dans une zone où il ne fait visiblement pas bon mettre les pieds, alors que c’est plongé dans le noir, il me faut contrôler un projecteur de lumière pour lui montrer le chemin à suivre.
Un troisième exemple, je déniche dans les courriers perso d’un tel la théorie d’une technique de cryptage qu’il m’arrive d’user pour protéger ses SMS, le chiffrement de Vigenère… Qui fut justement mise en pratique par l’un des gars, et il faut donc se taper le cryptage à la mimine en utilisant le tableau qui va bien pour trouver le mot de passe à utiliser.
L’histoire, la suite
Ajoutez à cela une bonne vingtaine de personnes sur le bateau, des tensions entre certaines d’entre elles, voire limite des trafics… Et qu’on découvre tout ça au fur et à mesure de l’avancement, car chacun possède quelque part, qui dans ses mails, qui dans ses notes perso, qui dans ses dossiers secrets, la clé d’une énigme qui n’apparaitra… qu’à moment donné.
Et si seulement ça s’arrêtait là, ce serait déjà pas mal. Sauf que… C’est un bateau recherche, vous vous souvenez ? Et il y a eu un accident bizarre qu’il serait peut être approprié d’expliquer. Donc en parallèle de tout ce bordel, il faut aussi ajouter la couche des recherches un peu étranges qui étaient menées sur le bateau, recherches qui visaient à établir le contact avec une peuplade bizarre (non, non, pas les anglais) dont j’ai oublié le nom, par le biais de prisonniers désignés volontaires à qui on fait ingurgiter de l’oxydrine hydroxique, je crois bien.
Oxydrine dont les propriétés sont pas toutes très bien connues, visiblement, un peu comme l’aspartame, le tabagisme passif et les téléphones portables, je dis ça, je dis rien.
Et tout allait pas trop mal jusqu’au numéro 112, qui se montra rapidement bien plus prometteur et meilleur récepteur à la chose que tous ses prédécesseurs. Le temps d’un dernier flashback avec une romance naissante entre l’homme et la nana qu’on doit aider, et hop, nous voilà dans le bain !
Mon opinion
Hmmmm… vraiment bien, en fait. Comme je l’ai déjà dit, un gameplay fort limité mais qui est fort bien exploité.
D’excellentes idées, une histoire fouillée et sérieuse, un vrai travail de fond et un vrai contenu…
Incontestablement, il y avait l’idée avant l’envie de faire le jeu, et ça, ben, c’est rafraichissant parce que j’ai quand même le sentiment que ce n’est plus souvent le cas, hein, ma bonne dame, dans cet univers impitoyable.
Bon, maintenant, ça se voit, coté ergonomie, que ce ne sont pas des grands habitués des interfaces un peu fouillées de jeux vidéo, ça, c’est le coté clairement raté de la chose, mais finalement, ça ne dessert pas le jeu plus que ça… Même, on peut se dire que c’est une SSII bien française de chez nous qui a développé cette bouse super cher et super avec les pieds, ce qui, en fin de compte, concoure encore à l’immersion.
Par contre, malgré tout le bien que j’en dis, je n’ai pas accroché. Mais ça ne veut pas dire grand chose, je ne crois pas avoir jamais fini un seul jeu d’aventure, ça m’a toujours gonflé les jeux du genre où l’on peut passer 3h à coté du petit détail qu’il faut relever pour résoudre une énigme. Mais j’imagine que pour un amateur du genre, et il y en a, ce truc est rafraichissant comme une téquila paf en Arabie Saoudite !
Alors vous allez sûrement me dire… Pourquoi donc s’emmerder à tester ce jeu si je n’aime pas les jeux d’aventure ? C’est vrai, mais moi, à la base, je voulais juste faire une partie de belote, bordel !
Jeff
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