Il y a peu encore, lorsque scotché à ma machine préférée (c’est-à-dire souvent), j’aimais à profiter de la confortable surface d’affichage proposée par mes deux CRT 19 pouces. Je me gaussais de mes contemporains ayant cédés aux sirènes marketing de l’écran plat : à moi les beaux contrastes, les couleurs fidèles, les noirs profonds et toute une tripotée de résolutions permettant de ménager ma carte graphique (sans se manger une interpolation dégueue dans les dents). Jubilation toute relative, je dois bien en convenir, lorsqu’il s’agissait d’en faire voyager un, mettons jusqu’à la Lan-party la plus proche. Dans le même esprit, force est de constater que la coque beige claire, délicatement jaunie à la nicotine, aux photons - tout aussi cancérigènes, et à la bête poussière, n’est plus du dernier chic. Mais bon, figurez-vous que je le vivais fort bien, si.
Las, le tube d’un de mes deux compagnons s’est mutiné. Si bien que, même lunettes chaussées (ce qui est un peu con comme expression, lorsqu’on prend la peine d’y penser), nez collé contre le verre, tout en plissant les yeux dans une très honnête imitation de Lee van Cleef, ben, je n’y voyais plus grand-chose tant c’était flou. Hop, direction le garage, antichambre de la déchèterie, histoire de faire place net (haha !).
Il me fallait trouver un remplaçant, donc, forcément, taper dans de l’infâme LCD. Je me persuade que ça sera pour le mieux, que tout ça a sûrement beaucoup évolué, que ça sera moins lourd à trimbaler et plus class à contempler. Je me décide pour un 22 pouces, taille qui devrait convenir aussi bien à mon Ati HD4850, qu’à mon besoin d’utiliser tout un tas de palettes dans mon quotidien. Le choix de la dalle n’en est pas vraiment un, puisqu’on ne trouve quasiment plus que du TN sur le marché, du moins dans ces dimensions. Je cherche un écran aux couleurs justes, avec un beau contraste, suffisamment réactif pour pouvoir gamer sans soucis (et le moins cher possible, bien évidemment). Après quelques recherches, il me semble que le Samsung Syncmaster T220 correspond à mes attentes. Il est très bien noté partout, c’est, par exemple, sur 70 écrans testés par Les Numériques, l’un des rares a hériter de 5 étoiles (pour être précis, seuls 6 autres 22 pouces se hissent à ce niveau).
Tout semble me pousser vers ce changement radical, puisque quelques jours plus tard, je tombe sur la possibilité d’acquérir le bestiau à vil prix (pour info, on le trouve a environ 200 euros en ce moment). Et là c’est le drame, tout bascule…
Non, en fait, non. Première impression plutôt positive, le design est pas mal. Contrairement à ce qu’on peut croire, la bande rouge lumineuse n’en est pas une, seule la coque est légèrement teintée à cet endroit (genre beaucoup plus sobre que sur la photo), une LED rouge étant présente uniquement autour du bouton de mise en marche, sur la droite de l’écran. Deuxième impression tout aussi positive, il y a du contraste, c’est bien lumineux, et pas de pixels morts à l’horizon. Ouf. Je vérifie dans le menu caché la provenance de la dalle, et là aussi c’est tout bon, c’est bien une Samsung. C’est là que je me rends compte que j’ai de la chance, puisque moi, contrairement à ce qu’affirme les Numériques (et Samsung), j’ai un pied réglable.
Si. Il se trouve que ce dernier présente un défaut d’usine, ce qui fait pencher le LCD légèrement sur la droite (tout bascule, c’est le drame). C’est donc avec une petite cale de carton que vous pourrez vous amuser à remettre l’ensemble d’aplomb. Après vérification, cette petite mésaventure n’est pas un cas isolé, très loin de là. Ça n’a certes rien de dramatique, mais ça ne fait pas spécialement plaisir non plus.
Après avoir réglé le moniteur comme préconisé dans le test de ce dernier, c’est-à-dire une modification de l’overdrive pour une meilleure réactivité, et un changement du gamma pour se rapprocher d’un rendu de couleurs fidèle, j’intègre le profil gentiment fourni par Focus Numérique. Je constate que ce dernier ne change pas grand-chose à la fidélité de l’affichage, mais aussi, qu’effectivement, le mode gamma 2 propose un rendu qui va dans le bon sens. Je constate aussi que si je ne baisse pas la luminosité, mes yeux vont fondre. Là, c’est un peu une question de goût et d’éclairage ambiant, mais je préconise quelque chose de l’ordre de 40/50, ce qui rend les présélections Samsung (jeux vidéo, internet, bureautique, film) assez inutiles, les valeurs de luminosité proposées étant de l’ordre du double, pour les plus douces… C’est dommage, puisque ça aurait pu être pratique. En l’état, à moins de vouloir se la jouer Michel Strogoff, je recommande un réglage à la mimine (et d’éviter l’usage de l’absurde contraste dynamique).
Bref, une fois ces petits réglages effectués, vous aurez logiquement un LCD plutôt fidèle, d’une netteté irréprochable (en tous cas en DVI), qui propose un bon contraste. Vous constaterez certainement aussi la présence d’un très léger back-light sur la partie supérieure (en fait, un effet mura de type 3, sur 1 cm), assez désagréable, surtout sur fond sombre. C’est très supportable, et malheureusement présent sur beaucoup d’écrans plats, mais très loin d’être une qualité…
Les angles de visions, eux, posent plus de problème qu’on ne pourrait le penser. À priori, lorsqu’on est devant son écran, on ne bouge pas trop, et donc ça va, c’est supportable. Dans la pratique, il peut arriver qu’on souhaite rapidement répondre à un e-mail, sans prendre la peine de s’assoir. Ce sera particulièrement désagréable de voir votre écran d’en haut. Dans le même esprit, les personnes à qui vous montrerez quelque chose (en général, elles seront en retrait, sur le coté), ne verrons pas comme vous (le changement de rendu se joue en réalité sur pas grand-chose, quelques centimètres). Si vous aimez parfois vous affaler dans votre fauteuil préféré, vous constaterez que la vision en contre-plongée est, elle aussi, mauvaise. C’est très loin d’être anodin à l’usage, et le fait que le pied ne soit pas ajustable à la volée est tout de même un handicap à ne pas négliger.
Sans compter que la dalle, comme tout les TN, ne proposera pas un rendu (perçu) vertical uniforme. C’est-à-dire qu’une couleur sera plus sombre en haut, et plus clair en bas, même si vous avez les yeux pile sur le milieu de l’écran, la faute aux faibles angles de visions. Le problème est connu et très bien démontré ici. Même si je comprends la logique des Numériques (en gros, compte tenu du marché, de la réalité, comme c’est un des moins pires, on lui colle la note maximale), je trouve qu’ils n’insistent pas assez sur ce problème. Quelque part, affirmer que le T220 propose des couleurs justes après réglages est une hérésie : La « bonne » couleur, c’est en bas, en haut, au milieu ? Selon moi, angle de vision inférieur mort (vachement parlant) devrait être remplacé par rendu de couleur forcément fantaisiste compte tenu de la technologie de la dalle : graphistes, photographes, amoureux de l’image, fuyez.
Au chapitre des jeux, on ne peut pas se plaindre, c’est réactif. En tous cas, je n’ai détecté aucuns soucis sous Left 4 Dead ou Team Fortress 2. Cela dit, la réactivité est encore très loin d’être au top. Il suffit de faire un beau dégradé dans un logiciel de retouche d’image, de déplacer rapidement la fenêtre latéralement, et vous le verrez en deux endroits différents. Notez que l’overdrive va sublimer les pains de compressions vidéo de type Divx, et rendre ces films vraiment moches (fourmillement).
Finalement, suis-je content d’être passé au plat, sur ce moniteur là ? Si on part du principe que le marché est ce qu’il est, que je n’ai donc pas le choix, que même les soit-disant ordinateurs de graphistes bohèmes dans le vent proposent du TN foireux (voir ici, le MacBook Pro), je suis ravi. Ça pète dans les jeux, ça pète sur mon bureau, ça pète pas tant que ça les couleurs, c’est confortable, c’est abordable. Allez, soyons fou, j’l’aime quand même un peu mon écran au pied bot. Maintenant si, pour le même prix, je pouvais avoir un 22 pouces Mitsubishi Diamondtron tout neuf, ban, je ferais l’échange sans hésiter un instant.
Il est malheureux de constater que c’est un des seuls périphériques, dans le monde du hardware, qui a régressé. Se taper des angles de visions pourris, du fourmillement dans les vidéos, des couleurs souvent absurdes, des contrastes finalement très moyens, des pixels morts et une réactivité discutable sont, encore, le prix à payer pour un écran plus léger et plus design (quelque soit la technologie de la dalle, finalement, ce qu’on gagne d’un coté, on le perd ailleurs). Peut-être que si les consommateurs arrêtaient de se toucher devant le dernier LCD ou la dernière TV Full HD à la mode, étaient un peu plus critiques, les industriels se sortiraient les doigts du, feraient des efforts (par exemple, dommage pour la techno SED, par exemple, hein). En même temps, peut-être que ça ne dérange en réalité personne, sauf deux ou trois casses-burnes, que donc, tout va bien.
Mais enfin, vous pleurez ? À chaudes larmes en plus… Ah, oui évidemment, pour Noël, vous vous êtes offert the méga téléviseur Achdè Foule Raydi, mais oui, pour regarder vos VHS, et là, je viens de vous casser le moral, un peu. Allons, allons, ce n’est rien… Tout de même !? Les deux tiers de votre salaire, oui… mazette. Tenez, mouchez-vous. Le vôtre sera bien, ne vous inquiétez pas. Il reste un truc qui pendouille… non, de l’autre coté, voilà. Hé oui, forcément, à ce prix, c’est le top. Bah bien sûr, pfff. Hé, ho, hein. Ça va mieux ? Bon. Tenez, si vous êtes sage, je reviendrais peut-être bientôt vous parler du Netbook Samsung NC10. Si.
En attendant, passez de bonnes fêtes.
Greg
Salut.
J’aprouve totalement la critique faite à l’encontre de cet écran, et à propos du 22″ mitsubishi diamontron 220plus, c’est mon écran actuel depuis l’année 2000, et même si les couleurs sont devenues un peu fades avec le temps, je n’arrive pas à m’en séparer. Il n’y a aucun écran < à 600 euros (et encore) qui lui arrive à la cheville en terme de qualité d’image. Son gabarit imposant est le seul bémol que je lui reconnaisse volontiers.
Les couleurs des TFT en général sont dégueulasses, ça flashe dans tous les sens… Cela dis, pour le plus grand nombre ces informations sont futiles … “un écran qui brille, un joli design, un format sympa, un prix attractif … et en avant la musique”.
La qualité est un luxe que se paie extrêmement cher de nos jours (faut-il encore s’en persuader).
Et ce Samsung T220 n’est absolument pas un produit de qualité.
C’est un produit de substitution sommaire (avec une technologie qui nuit au naturel des couleurs), plutôt joli il est vrai,et qui tache de convaincre une nouvelle génération d’utilisateurs.
Rien de plus.