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C’est un lecteur assidu qui m’a fait découvrir ce jeu, Overlord. Enfin, je veux dire, c’est un fidèle lecteur qui m’a fait découvrir ce jeu, Overlord. On y campe un méchant newbie-seigneur qui doit retaper le donjon du mal et en restaurer l’influence. Et hop, justement, en parlant d’influence, je cite (et plus tard, j’expli-cite), pêle-mêle, Dungeon Keeper (eh oui, encore !), Rune, Pikmin, Gremlins, et même un poil de seigneur des anneaux.

Dungeon Keeper ?!

Ben le pitch, évidemment ! Les jeux qui font incarner le méchant, dans un univers médiéval fantastique beurré d’humour, si possible sanglant et noir (genre ébène, même), il n’y en a pas tant que ça. On retrouve même les larbins et la possibilité de coller des torgnoles ce que, bien évidemment, je me suis dépêché d’expérimenter sur mes proches (dans le jeu, hein), histoire de favoriser la communication pour que chacun fasse connaissance avec son prochain, moi avec mes larbins, moi avec la solidité de mes bottes, mes larbins avec mes bottes, mes larbins avec mon autorité, etc. Reste, première frustration, que j’ai découvert rapidement un passe-droit, le vieux (c…) qui me sert de conseiller et qui ne se prive jamais de me donner son avis et de m’en faire la leçon (sur la vie). Pour ma part, j’aurais bien aimé moi aussi lui expliquer ma façon de voir les choses et le respect qui m’est dû, mais rien à faire, il est intouchable… Pas même une animation, un recul, un bruitage, rien, je pourrais taper comme un mur sur une mule (ou l’inverse) que ça ferait pareil, et d’ailleurs, j’ai aussi tapé sur un mur (pour faire connaissance, tout ça), et ça fait pareil (rien). De là à penser paranoïquement qu’en fait c’est lui le grand méchant chef et que je ne suis que le sous-chef des larbins, il n’y a qu’un pas d’unijambiste que je franchis… à moitié.
En même temps, si je ne peux pas rouster le vieux sage, le bouffon, lui, se sacrifie sans problème pour du rab’ de raclée ! Toujours dans vos pattes, avenant, à portée idéale pour une taloche. Et toujours il s’empresse de se relever pour revenir devant vous. Il a un coté masochiste mais pointé d’ironie, typique du genre de garnement qu’on n’hésite pas à rééduquer. À tel point d’ailleurs que c’en devient rapidement un agréable rituel, après une dure journée de labeur (ripailles, meurtres, pillages, tout ça), de rentrer chez soi, de jeter son casque sur le porte-manteau, et de coller une bonne torgnole à son bouffon. Ah, qu’il est bon d’être chez soi !

Bref, on est proche de Dungeon Keeper pour le monde, l’atmosphère, l’humour, mais avec une différence de taille. Là, nous sommes incarnés dans un bonhomme, et pas dans une main de basketteur.

Rune ?!

Eh oui, un bonhomme qu’on déplace en zqsd, avec caméra sur l’épaule. Comme Rune en fait. Imaginez un viking de deux mètres de haut, mettez lui une bonne armure des ténèbres, genre Sauron junior, et jetez le dans l’arène ! Euh, j’ai oublié un détail… Le viking souffre d’arthrite (goûteuse ?) et combat de manière répétitive, en donnant toujours le même coup de hache, comme un vieux bûcheron dont les vertèbres, disant merde à la conne vertébrale, n’autoriseraient plus qu’un seul mouvement. Bon, on s’en doutait, on n’a pas là une référence du combat à l’arme blanche, mais bon, pour être honnête, le gameplay n’est pas là (et c’est heureux).

Pikmin ?!

La comparaison avec Rune s’arrête là parce qu’en fait, ce jeu, c’est Pikmin. Les larbins s’inspirent directement de ces derniers, et peuvent être de différent types (brun, rouge, vert, bleu), avec forcément, différent pouvoirs (va savoir lesquels, par contre, j’ai pas joué assez loin pour avoir d’autres que ceux de base). Tout d’abord, je constate qu’on ne s’est pas trop cassé le QI, puisque le gameplay est pompé sans imagination, et même pas entièrement… Les lutins n’évoluent pas, ne se replantent pas en mourant, et… se tapent, à la machine, de la nuit tombante. Bien pire, l’adaptation du guidage des Pikmins lorsqu’on a une énigme à résoudre… Dans Pikmin, justement, on déplaçait notre bonhomme et il suffisait d’appuyer sur un bouton pour les balancer, ça donnait un truc sympa et sans aucune frustration ni difficulté, puisqu’en cas de raté (notamment en hauteur), il suffisait de se positionner un poil mieux jusqu’à réussir le lancer. Dans Overlord, par contre, rien de tout ça. Pas de lancer, déjà (et pourquoi qu’on peut pas lancer les larbins, bordel ?!). Il faut les guider en faisant clic droit puis sans lâcher (sic) clic gauche (si je me rappelle bien), et ensuite déplacer la souris vers l’endroit où ils doivent se rendre (passage qui, au passage qui, au passage.. PAF, aïeuh !, est forcément petit puisqu’on peut pas y passer), bref, ça répond pas forcément bien, c’est un peu frustrant, il n’y a pas moyen de se repositionner pour rendre le truc plus facile, bref, c’est lourdingue, soulant, chiant, raté.

Il n’est d’ailleurs pas difficile de constater là une différence d’estoc et de taille : pour Pikmin, les créateurs avaient l’idée de gameplay avant le monde (on va se faire un nouveau lemmings), pour Overlord, c’est clairement l’inverse (on va se faire un nouveau Dungeon Keeper).

Gremlins ?!

Car on cause de lutins depuis le début, mais, je trouve, il n’est de meilleure description que de penser à eux comme des Gremlins. Pas en Gizmo, hein, la version chantante et poilue pour rétroviseur à qui il ne faut pas donner à bouffer dans la piscine, après minuit (et comment qu’on le lave, d’ailleurs, le Mogwaï, quand il pue, hein ?), la vraie, la bonne, la version Gremlins. Physiquement, déjà, on sent l’inspiration. Mais dans le comportement, aussi, et c’est très bien rendu… Les blagues salaces, la cruauté gratuite, l’instinct pour les conneries… Un exemple tout con : dans nos dures journées de labeur il arrive de piller un village, comme ça, sans méchanceté, on va dans des maisons, on trouve des tables dressées que les lutins s’empressent de piller… Et vas-y qu’on les voit roter et se soulager la vessie, tous en cœur, en sifflotant. Le tout avec une joie évident de casser tout ce qui s’apparente de près ou de loin à de la vaisselle… Bref, là, incontestablement, le cœur y est.

Seigneur des anneaux ?!

Un poil, comme je disais, car il ne reste pas grand chose à dire sur l’ambiance… Sauf que si, un truc important. Dans l’histoire, les gros méchants, ce sont les hobbits qui ont pullulé sur les terres comme des cafards, et qu’ont mis le bronx partout avec leur village et leur maisons (directement tirées des films)… Résultat, il nous arrive de faire des raids et, je dois avouer, c’est particulièrement jouissif de rentrer avec les Gremlins dans une maison de hobbit toute propre sur elle, et de la ravager entièrement… On se sent tellement bien, après une telle journée, que c’est double ration de torgnole pour le bouffon, tiens ! Mais bon, pour le coup, dans le contexte, se battre contre des guerriers hobbits, fallait oser, mais ça rend bien, quand même, c’est délicieusement décalé.

Conclusion ?!

Ben… Je pense qu’on a fait le tour, hein… Le gameplay est plutôt très mauvais, on joue à ce jeu pour l’ambiance et l’histoire, pour voir jusqu’où les développeurs sont allés dans la déconne, parce que, il faut bien l’avouer, en terme d’humour, c’est réussi. Je ne parle même pas du multijoueur, puisqu’on y perd le seul intérêt du jeu, l’ambiance et l’histoire, pour ne garder que le plus mauvais… C’est tout, donc, il ne faut surtout pas y chercher autre chose, un gameplay accrocheur, des énigmes tortueuses, un truc terriblement addictif, non. Je le vois plutôt comme une nouvelle forme de média, une sorte de livre de Terry Pratchett dont on serait le héros, sur ordinateur.

Et pourquoi pas, d’ailleurs, est ce que ça a l’air si con que ça de vendre un jeu en rayon avec en gros, sur la boîte, un jeu vidéo dont vous êtes le héros !

Oui, bon, c’est vrai, ça a l’air con, dit comme ça.

Jeff

(captures tirées du site officiel, http://www.codemasters.fr/overlord/index.php?territory=French, qui, soit dit en passant, donne une bonne idée de l’esprit du jeu)